Il était timide en poussant la porte de la rue du Sommera en juin 1942 ! Avec ses faux papiers et sa clandestinité il était très discret, n’imaginant pas qu’il serait bientôt l’un des rares à obtenir sa ceinture noire à la première tentative, ce qui étonnera même Jean de Herdt, son examinateur. Elle porte le numéro 36 !
Son premier titre de gloire est sa victoire, la première dans l’histoire du judo Français, comme combattant numéro un de la rencontre France-Angleterre en décembre 1947. La presse londonienne écrira le lendemain « Judo : la Grande-Bretagne écrase la France qui découvre un petit judoka extra-ordi-naire : Levannier »
Il ouvre un club à Paris en septembre 1946 et, avec Albert-Léon Meyer et André Mercier, Luc Levannier est à l’origine du premier Syndicat national des professeurs d’arts martiaux, puis du Syndicat européen qu’il dirigera pendant plusieurs années.
Avec Guy Pelletier, Pierre Roussel et Jacques Belaud, entre autres, il découvre en 1952 à Toulouse, un jeune et brillant combattant japonais, Ichiro Abé, âgé de 29 ans, 6e dan, et, bien involontairement, Luc se retrouve à la tête d’un « mouvement Kodokan » qui va faire tache d’huile en proposant une nouvelle technique d’entraînement et de compétition qui donne la priorité à la vitesse, au déplacement et au déséquilibre. C’est le triomphe du « beau judo », qui lui vaut le surnom de « Mifune français ». Il s’oppose ainsi, avec regret dira-il, à la méthode Kawaishi enseignée jusqu’à maintenant.
Luc sera aussi, avec Jacques Belaud, à l’origine de l’École Française de Judo Jujutsu Traditionnel (EFJJT), centre d’étude, de formation et de pratique dont il animera les recherches et l’entraînement pendant plusieurs années. Au sein de son club, le Shiseikan, il défendra toujours les valeurs de Jigoro Kano.
Souvent premier, souvent créateur, souvent initiateur, il sera le dernier pour deux bien tristes raisons : le dernier combattant encore en activité de la première équipe de France de judo en 1947, le dernier de la bande des quatre professeurs qui s’engagea auprès de monsieur Ichiro Abé, en 1952.
Le Kodokan a immédiatement présenté ses condoléances à sa famille et à ses amis. Rien ne se perd. Hanshi 8e dan du Kodokan, le pionnier et l’ami qui connaissait tout de la technique et de la compétition nous a quittés début décembre 2018. Il était âgé de 95 ans.